Vos témoignages
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Les sites web de marcheurs
De La Sacra du San Michele au Mont (en italien)
Du Monte Sant’Angelo au Mont-Saint-Michel
De Paris à Rome par le Monte Sant Angelo
Site de l’auteur
De Monte Sant’Angelo au Mont-Saint-Michel
par L’Aquila, Foligno, Florence, Lucques, Gênes, Turin, la Sacra di san Michele, Suse, Chambéry, Paray-le-Monial, Moulins, Bourges, Blois, Le Mans et Avranches
De Munich au Mont-Saint-Michel
Un grand périple qui a mené ce couple de pèlerins allemands de Munich au Mont, via Worms, Trèves, Aix-la-Chapelle, Lièges et Nivelles en Belgique avant qu’ils rejoignent le chemin de Rouen balisé chemin du Mont-Saint-Michel. Réalisé en plusieurs fois, ce chemin pourra vous aider si vous souhaitez partir d’Allemagne ou de Belgique !
Découvrez leur chemin et leurs conseils sur leur site internet
450 km à pied jusqu’au Mont-Saint-Michel, un blog et une nouvelle aventure
Venez découvrir l’aventure d’une famille miquelote, de Paris au Mont-Saint-Michel… Du 21 mai au 30 juin 2011, Pauline, François-Xavier et leurs enfants, Faustine (2 ans et demi) et Martin (7 mois) ont fait le voyage jusqu’au Mont-Saint-Michel, accompagnés d’un âne.
Vous pourrez revivre leur aventure sur leur blog et sur Facebook : « A pied jusqu’au Mont
Saint-Michel ».
Avec une vidéo réalisée un an et demi après leur retour, un bilan de leur aventure
https://videotheque.cfrt.tv/video/pelerinage-en-famille-au-mont-saint-michel/
- 450 km de chemins
Le périple d’un de nos miquelots
C’est le récit d’un voyage à vélo du Mont saint Michel à Rome puis à Saint Jacques de Compostelle via la Sicile et la Sardaigne. Pierre-Marie Werlen, un ami miquelot de longue date, vous invite à suivre son voyage sur son blog. Faisant étape dans les plus hauts lieux dédiés à saint Michel et vivant de très belles rencontres !
Découvrez le blog des trois pèlerinages
Une aventure hors du commun en équipement médiéval
C’est celle menée par l’association Artémis en 2008 : la reconstitution d’un pèlerinage médiéval en costume !
De Cherbourg au Mont-Saint-Michel : 200 km de marche, 7 pèlerins, 9 jours tel les miquelots du XVe siècle, un périple un peu fou mais chargé d’émotions qu’ils nous font partager sur leur blog : http://artemispelerinage2008.over-blog.com/
D’Angers au Mont en juin 2020 en 12 étapes
https://www.notos.co/albums/w5azWeeidr?locale=fr
Arrivée au Mont avec « des racines et des ailes« (janvier 2021)
De Houdan au Mont-Saint-Michel
Retrouvez le blog de Marie-Aude à cette adresse : http://voyageaus.over-blog.com/
Les récits
Randonnée-pèlerinage sur le chemin de Caen (2-14 mai 2022)
2 mai/jour 1 : Ouistreham / Caen-Vaucelles (18km)
Nous partons de l’église, chaudement vêtus, la météo nous gâte pourtant. Nous prenons le temps de bien nous équiper, ne rien oublier et faire tamponner nos carnets à la mairie toute proche.
C’est parti pour 4h de marche dans les rues de Ouistreham puis sur le bord du canal. Nous avons fait une halte au Petit Lourdes à Hérouville pour nous restaurer avant de monter à l’Abbaye aux Dames et rejoindre l’office du tourisme, l’église St Pierre et St Jean et, pour finir cette première étape, l’église de Vaucelles.
Les religieuses du presbytère nous ont accueillis chaleureusement, ont apposé le tampon spécial pélerinage sur nos carnets avant de nous souhaiter bonne route.
3 mai / jour 2 : Caen-Vaucelles / Esquay Notre Dame (18 km)
Nous quittons les bords de l’Orne pour ceux de l’odon à Bretteville, le groupe s’étoffe juste avant d’entrer dans le bois de Baron où nous nous restaurerons avec le casse-croûte sorti du sac.
Plus loin, en contournant l’église, nous retrouverons la Cote 112 , haut lieu de la bataille de Normandie, avant de plonger vers le village d’ Esquay Notre Dame.
Cette deuxième étape nous a permis de randonner au bord de l’eau, dans le bois et les chemins ombragés (aussi accueillants que truffés de pièges si nous ne sommes pas un minimum attentifs), dans la plaine où nos regards s’accrochent à l’horizon. Le soleil embellit le paysage coloré à cette époque, le jaune des tournesols met en valeur le bleu du lin et le vert des prairies formant un tableau unique en ces lieux.
4 mai / jour 3 : Esquay Notre Dame (La Caine (19 km)
Nous voilà, toujours fringants, en direction de Hamars via Evrecy où nous avons été reçus agréablement à la mairie. L’itinéraire, toujours très bien balisé, guide nos pas vers de grands plateaux panoramiques, des villages sympatiques, des hameaux éloignés de toutes nuisances sonores et nichés dans un paysage verdoyant et florifère.
Ce ne fut pas pour autant « le chemin du Paradis » en raison de longues parties goudronnées qui ont mis nos pieds à rude épreuve. Cette 3ème étape nous a paru longue pour ne pas dire interminable sans toute fois altérer notre moral.
5 mai / jour 4 : La Caine / près de Roucan (19 km)
Le soleil inonde généreusement la Normandie, la nuit a été réparatrice, nous partons d’un bon pas. Le paysage de la plaine de Caen a fait place aux premiers escarpements de la Suisse Normande, le Mont Pinçon sera notre horizon pendant cette 4ème étape, Les chemins forestiers sont nombreux et le balisage toujours excellent, un havre de paix à parcourir sans modération. Nombreuses découvertes, nouvelles émotions.
A noter sur ce parcours une partie très enherbées où il est compliqué de savoir où l’on pose ses pieds, attention aux entorses mais aussi les vipères, nous en avons rencontrée une se dorant au soleil sur un des rares endroits découverts, il a fallu l’inciter à nous laisser passer en la chatouillant délicatement avec la bâton !
6 mai / jour 5 : Près de Roucan / D 290 ( 20 km )
Le ciel est bleu, le moral est au beau fixe, nous filons vers Danvou La Ferrière et au-delà. Nous ferons une halte conséquente à Hamars Le Hom avant d’attaquer une partie de la redoutable étape n° 5(sur litinéraire initial) que nous avions reconnu en Février dans des chemins boueux et un temps pluvieux. Nos deux marcheurs occasionnels nous rejoignent pour finir l’étape, le parcours est méconnaissable, nous n’avions gardé aucun souvenir de notre dernier passage, les chemins sont magnifiques, peu de parties goudronnées, des sous-bois rafraichissants, que du bonheur… dernière ligne droite interminable sans repères de kilométrage ( il ne figure pas de distance intermédiaire sur cette fiche) Bien contents d’en terminer mais confiants, nous repartirons demain avec la même équipe.
7 mai / jour 6 : D 290 / D 109 (12km)
Le groupe de cinq marcheurs, après une bonne récupération musculaire, démarre cette étape que nous avons voulue plus courte pour reposer notre organisme un peu malmené la veille. Nous ne sommes pas encore au bout de notre périple.
Nous cheminons en bordure de prairies, ânes, chevaux et vâches regardent passer le train des « Miquelots ». Nous arrivons à Bény-Bocage sous un ciel couvert et menaçant, nous arrêtons au bistrot pour le tampon journalier et le café avalé nous reprenons la route sous la première averse du séjour : elle ne sera pas sévère, juste pour mouiller la poussière !
Arrivés à bon port sans soucis, demain nous avons prévu une pause pour flâner, prendre son temps, au programme juste une balade au bord du lac de la Dathée en famille, c’est ressourçant .
9 mai / jour 7 : D 109 / Pont de chemin de fer près de La Rorie.(18km)
Une nouvelle journée où la partie goudronnée sera importante et combinée avec la chaleur du jour, aggressivité maximum pour la plante des pieds. Heureusement nous avons décidé de nous lever plus tôt et ne le regretterons pas. Encore des paysages époustouflants que nous immortaliseront avec appareil photos et téléphones portables.
A l’arrivée il convient d’échanger sur l’intérêt d’une journée de repos pour ce pèlerinage : Nous convenons à l’unanimité que cela perturbe plus que cela permet de récupérer.
10 mai / jour 8 : Près de La Rorie / St Maur des Bois (19km)
Nous supportons bien la chaleur excessive sur la route du granit grâce au vent frais et à l’ombre des sous-bois. La forêt resplendit sous un soleil intense. Nous ferons une halte à St Sever pour boire un café et faire tamponner les carnets à la mairie, bel accueil , merci !
Sur cette étape nous emprunterons l’ancienne route Rouen-Avranches guidés pas ses panneaux très particuliers parfois ensevelis dans la verdure. Longue étape éprouvante où la lecture de l’itinéraire n’a pas toujours été au top,,, les baliseurs ne sont en rien responsables !
11 mai / jour 9 : St Maur des Bois / Le Tanu (20km)
Nous sommes tout près de Villedieu les Poêles, nous prendrons le café sur la place de la Mairie après avoir récupéré la preuve de notre passage à l’Office du Tourisme.
Chemin faisant nous avons observé une végétation luxuriante, sauvage ou façonnée par la main de l’homme. Un passage de gué original, un panneau étonnant à l’entrée d’une résidence « Attention, grand-Père exentrique » et nous voilà sous le viaduc, dans la vallée de l’Airou.
Il ne reste plus qu’à emprunter un chemin ombragé mais pentu pour rejoindre le village du Tanu, parking près de l’église. Nous apprécierons demain d’avoir rallongé l’étape aujourd’hui !
12 mai / jour 10 : Le Tanu / Sartilly (14km)
Encore une journée à régaler nos yeux de paysages grandioses : des rhododendrons géants se reflètent dans l’étang d’un domaine privé : Un motard nous interpelle pour que nous ne passions pas à côté de cette merveille, d’autres lieux d’intérêts ont été la cible de nos caméras !
A noter, qu’encore ce jour, la présence de calvaire égale repère.
Cette étape est synonyme de fin en douceur et ça nous va bien !
13 mai / jour 11 : Sartilly / Genêts (11km)
La dernière étape nous attend ce jour encore ensoleillé. Partis avant l’ouverture de la Mairie nous cherchons notre chemin et 20 minutes plus tard nous retrouvons au point de départ : Un chemin supprimé il y a peu car sur le domaine privé nous a induit en erreur, la secrétaire de mairie et notre GPS perso nous remettrons dans le bon chemin .
Vite partis, vite égarés… et dire que cela ne devait être qu’une simple formalité !
Nous apercevrons le Mont seulement à trois kilomètres du but, beaucoup d’émotions même si nous savons qu’il faudra traverser la baie pour « toucher au célèbre rocher
14 mai / jour 12 : Traversée de la baie depuis le bec d’Andaine
Voilà venu le clap de fin de ce projet tant attendu et enfin réalisé : au départ, tout va bien, le sable modèle nos pieds avec en point de mire le Mont Saint Michel et Tombelaine, toujours avec le soleil. Attentifs aux propos du Guide nous allons très rapidement trouver un sol boueux et glissant qui va nous demander un effort physique non négligeable pour garder l’équilibre. Tel sera notre « terrain de jeux »au moins 50% du trajet : éprouvant mais tellement beau !
Nous ne serons pas candidats pour « tester » les sables mouvants mais nous immortaliserons le spectacle visuel de ce cheminement en marée basse dans cette célèbre baie tellement parcourue…et obligatoirement avec un guide qui, non seulement assure notre sécurité, mais aussi enrichit notre connaissance des lieux.
Sensations
Les miquelots que nous sommes devenus savent que les conditions de réussite étaient optimales : Une météo excellente, un parcours très bien balisé, un suiveur toujours prêt à nous déposer et nous récupérer, un hébergement confortable pour bien récupérer et des encouragements multiples (soyez grandement remerciés).
Notre sérieux dans l’entraînement nous a permis de finir sans blessures, ni crampes ni fringale, Aucun écart important d’itinéraire n’est à noter, quelques hésitations sans conséquences confirment que, pour une telle aventure, il faut se préparer et rester vigilants. Notre triplette de 207 ans gardera, c’est sûr, un souvenir indélébile de cette première quinzaine de Mai 2022. Un seul regret : ne pas avoir rencontré d’autres randonneurs à l’exception de ce couple un peu « égaré » au terme de la 2e étape.
Merci à tous les bénévoles de l’Association des Chemins du Mont Saint Michel pour le balisage et les précieux documents qu’ils ont pu nous procurer »
Solange.
Pèlerinage « improvisé » de Sotteville-les-Rouen au Mont-Saint-Michel du 29 juin au 12 juillet 2020
L’année 2020 devait être placée sous le signe de mon départ pour Saint-Jacques de Compostelle au printemps, départ de la maison pour une durée prévue de 2 mois et demi par la voie de Tours mais un virus en a décidé autrement…
A la sortie du confinement, mon épouse, me voyant quelque peu désœuvré, me propose de réaliser un plus petit périple pour étrenner mon matériel (reçu pour la plupart en cadeaux à Noël) de tester mes capacités de marcheur, aiguisées pendant toute la mauvaise saison par une préparation intensive.
Un de ses collègues de travail avait effectué quelques années auparavant le pèlerinage Rouen-Le Mont-Saint-Michel, il en avait été revenu enchanté et pouvait me prêter le guide édité à cet effet.
Quelques jours plus tard, je décidais de réaliser ce chemin fin juin, début juillet.
Départ : Le lundi 29 juin à 8 h, je pars de mon domicile sous un soleil agréable, sac à dos de 12 kg sur le dos (tente, sac de couchage, matelas gonflable, popote et réchaud…autonomie oblige) et traverse la Seine par le bac à deux reprises pour faire étape le soir à Bourg Achard où je plante ma tente au camping et m’endors comme un nouveau né, exténué et les épaules endolories à 21h.
Cette première étape est une étape « maison » qui me permet de contourner l’agglomération rouennaise par le sud et qui m’évite de revenir sur le centre de Rouen, de passer par Canteleu, de traverser la forêt de Roumare pour me retrouver au bac de la Bouille comme le propose le guide.
Arrivée le dimanche12 juillet à 16 h à Genets, où les pèlerins au Moyen Age traversaient la baie pour atteindre le Mont, après avoir fait les deux dernières étapes en une seule. Le lendemain je traversais la baie avec un guide et je récupérais mon Diplôme de Miquelot à l’Office du Tourisme.
Que dire de cette belle aventure …
Une météo normande avec de la pluie, du vent, du soleil… des forêts de feuillus et de conifères, des vallons et des collines, des bocages, des rivières et ruisseaux traversés, des maisons en colombage et de granit, de belles églises, de petites chapelles romanes, des monastères, des abbatiales et des châteaux dont celui de Guillaume le Conquérant à Falaise , des villages et hameaux marqués par l’histoire : Des prêtres réfractaires et de la chouannerie pendant la révolution à la libération du territoire après le débarquement du 4 juin 44 mais aussi la gastronomie le camembert, la pomme et son cidre et calva et de belles rencontres humaines et animales ( 4 chevreuils, 6 écureuils, 6 lapins et un lièvre peu farouche égaré en forêt, des chenilles du chêne qui m’ont fait m’arraché la peau pendant toute une nuit, plus douloureux que les piqures urticantes des orties) et l’arrivée dans la baie avec le Mont-Saint-Michel , dans sa majesté, qui se détache et grandit à l’horizon, au fur et à mesure des pas de la dernière étape.
Le sac à dos bien réglé qui me semble chaque jour plus léger et mes jambes qui me portent d’un pas décidé et me permettent d’avaler la trentaine de kilomètres et réclament après quelques jours, chaque matin, comme une addiction, leur dose quotidienne de marche. (Parcours + erreurs, visites + provisions et repas en centre des bourgs)
Un parcours bien balisé (logo et traçage en bleu clair et bon descriptif sur les fiches étapes, bon point pour cette présentation par fiches de l’étape du jour, facile à utiliser).
Les seuls moments d’égarement sont liés à des moments d’inattention de ma part plutôt qu’un manque de précision du chemin.
Un rituel qui s’installe : 6 h – 6h 30, réveil à l’aurore sans alarme, démontage de la tente et rangement du matériel (chaque chose ayant trouvée sa place), petit-déjeuner puis départ entre 8h et 8h30. 16 à 18 km avalés en matinée et arrivée sur le lieu-étape entre 15h et 17h 30. Coucher vers 9 h 30 pour une bonne nuit réparatrice.
Des hébergements sans problème, hormis le fait de me rabattre à la dernière minute deux ou trois fois sur des chambres d’hôtes et d’hôtel en raison de campings ou de gîtes fermés, crise sanitaire oblige.
D’un camping communal à 2 € 50 à une nuit d’hôtel à 70 €, de la boîte de cassoulet chauffé sur le réchaud à un repas gastronomique à Vimoutiers capitale mondiale du camembert, d’un hébergement en internat scolaire dans un internat prévu pour 40 élèves à Orbec où j’étais seul à une chambre d’hôtes 3 épis avec douche et jet de massage, des accueils sympathiques avec des petits déjeuners pantagruéliques avec ses confitures maisons, aux hébergements plus spartiates et aux piques niques pris sur le pouce.
Chaque journée s’enchaîne à la fois semblable dans son rythme mais à chaque fois si différente.
Un beau périple de 350 km en 14 jours (450 tout compris), varié, riche et agréable (malgré ces maudites chenilles qui m’ont fait douter toute une nuit de pouvoir continuer). Cette aventure en solitaire a été un bon entrainement et un bon échantillon de ce qui m’attendrait pour une durée 5 fois plus importante l’année prochaine.
Ce parcours m’a permis aussi de faire le point sur le matériel nécessaire à emmener, le réglage de mon sac à dos (il m’a fallu 5 / 6 jours pour trouver tous les réglages) et de mes capacités physiques.
Une belle aventure que je conseille et espère renouveler au printemps prochain, à l’échelle XXL, sur le chemin de Saint Jacques.
Jean-Marie Marchand
De Caen au Mont-Saint-Michel en juin 2019
Récit du « pèlerinage » de Gay Lee Tischbirek, marcheuse franco-américaine au retour de ce nouvel itinéraire :
« Sur le Chemin de Caen au Mont-Saint-Michel, c’était une belle expérience
Au début, nous étions deux, Bettina et moi. L’une de nous, américaine, qui est venue en France de l’Arkansas spécialement pour ce chemin, et l’autre franco-américaine qui vit à Paris. L’une de nous est une juive laïque et l’autre une protestante pratiquante. Nous avons toutes les deux 71 ans. Amies depuis exactement 50 ans, nous nous sommes rencontrées dans les salles de musique au sous-sol de l’Université de Californie, Los Angeles. L’une vient d’une famille où pratiquer le français est une tradition familiale, l’autre vient d’une famille qui ne connaÏt que l’anglais. Nous avions déjà marché ensemble sur les Chemins de Compostelle : une fois, du Puy- en-Velay à Saint-Jean-Pied-de-Port, puis une autre fois sur le Chemin d’Arles, de Montpellier à Pau. J’avais continué à faire des pèlerinages seule le long de ces mêmes routes, arrivant deux fois à Santiago, et une des deux fois jusqu’au Finisterre.
Nous avons quitté Caen pour le Mont-Saint-Michel le 4 juin 2019. À notre troisième étape, Josette nous a rejoint. Elle est française, vit à Toulon, catholique pratiquante occasionnelle et également âgée de 71 ans. Bettina et moi l’avions rencontrée en 2012, peu après notre départ du Puy en Velay sur le chemin de Compostelle. Nous étions restées en contact et elle s’était jointe à nous sur le chemin d’Arles.
On pourrait être curieux de savoir pourquoi une juive laïque, une protestante pratiquante, et une catholique peu pratiquante pourraient vouloir faire des pèlerinages qui ont toujours été le domaine des catholiques pratiquants et pieux. Aujourd’hui, les gens de toutes les religions, et même les athées confirmés, sont sur ces chemins. Mais vous pouvez vous demander : un athée peut-il être un pèlerin ? Tout le monde ne serait pas d’accord, mais je pense que oui. Lorsqu’on lui demande pourquoi elle est là, cette même personne peut avoir plusieurs raisons, et surtout si elle a déjà fait un pèlerinage. Mais généralement, les pèlerins ne donnent que des réponses partielles car leurs raisons les plus profondes sont d’ordre privé…et peut-être même inconnu par leurs plus proches. Un pèlerin pourrait répondre : « J’aime l’exercice, respirer l’air pur, rencontrer des personnes nouvelles, sortir de la maison, pratiquer une autre langue, voir de beaux paysages, sentir les fleurs, porter tout ce dont j’ai besoin sur le dos, ne pas cuisiner trois repas par jour, apprécier le patrimoine historique et culturel, accompagner un être cher qui lui-même est un pèlerin, essayer d’arrêter de fumer, pour une fois, prendre soin juste de moi-même, … ».
Mais il est également vrai que cette personne peut être là aussi pour réfléchir à un éventuel changement de carrière, surmonter une séparation ou un divorce, se relever d’un licenciement, préparer sa retraite, faire le deuil d’un être cher, trouver la réponse à une question lancinante, trouver quelqu’un à qui parler qui puisse vraiment être à l’écoute…
Et cette même personne peut être là aussi pour accomplir un vœu, demander ou montrer de la gratitude pour une guérison, pour faire l’expérience de l’unité avec d’autres chrétiens en participant à une tradition chrétienne établie bien avant la Réforme, ou pour espérer qu’en marchant elle ressuscitera sa foi en elle-même, dans d’autres, ou en Dieu… Beaucoup de gens sont simplement là pour prier, mais ils vous le diront rarement.
Mais il y a des gens qui prétendent haut et fort qu’ils ne sont sur le chemin que pour le sport ou pour perdre du poids. Ils disent qu’ils ne sont pas des pèlerins mais des randonneurs et ils choisissent d’aller sur le Chemin plutôt que sur d’autres sentiers parce qu’ils préfèrent l’ambiance conviviale. Et pour les femmes, elles disent qu’elles se sentent plus en sécurité sur le chemin que sur les sentiers GR, surtout si elles sont seules. Mais ne sont-ils seulement que des « randonneurs » ? ou cette réponse est-elle faite pour échapper à des questions indiscrètes ?
Certains observateurs se demandent si un grand nombre d’« aficionados des chemins » ne sont pas des gens qui font un retour en enfance. Dans ce scenario, le chemin serait une grande colonie des vacances à l’aire libre, youpi li, youpi là. J’imagine que ça existe et si c’est le cas, j’espère qu’ils s’amusent bien.
Sur, il y a des chemins fréquentés car ils sont devenus un phénomène de mode – il faut les avoir « fait », il faut pouvoir cocher la case. Comme aiment dire beaucoup les pèlerins : « A chacun son chemin ! »
D’après mon expérience, vous pouvez identifier les vrais « randonneurs » à la profondeur de leurs propres questions. Ils demanderont : « Où avez-vous commencé ? », « À quelle vitesse marchez-vous et combien de kilomètres faites-vous en moyenne par jour ? », « Quels sont les meilleurs gîtes et combien ça coûte ? », « Vous avez quel guide ? », « Quel type d’équipement avez-vous ? », « Quels autres chemins avez-vous ‘faits’ ? « , » Quand rentrez-vous ? « .
Les pèlerins, d’autre part, pourraient finir par poser ces mêmes questions, mais en général, ils sont plus intéressés à découvrir qui vous êtes. Ils sont plus préoccupés par votre bien-être, par le coût réel du chemin : avez-vous besoin d’aide ? En plus, un pèlerin est rarement à l’aise en parlant de « faire » tel ou tel chemin car il sait que c’est le contraire qui se passe : c’est le chemin qui « fait » le pèlerin. De toute façon, peu importe leur orientation spirituelle (ou pas), ensemble avec la fatigue que vous pouvez facilement lire dans leurs yeux, chez les pèlerins vous verrez également de la joie.
Il faut savoir qu’après des semaines de marche, de nombreux « randonneurs » deviennent des « pèlerins ». C’est un fait, car le terrain qui se trouve entre le « chemin des randonneurs » et le « chemin des pèlerins » est un terrain excessivement glissant. Et ça marche (c’est le cas de le dire), dans les deux sens. Un « pèlerin » peut aussi, chemin faisant, découvrir que sa foi n’était qu’une tradition familiale. Après, en plein conscience, il avance quand-même sur le chemin mais en tant que « randonneur athée ». Toutefois (et c’est encore le cas de le dire), avant de quitter le chemin, il peut également avoir une vraie conversion et finir le chemin en « vrai » pèlerin. Il est donc impossible de savoir qui est qui…et est-ce que cela est vraiment important de le savoir ?
Par manque de temps (et ceci concerne surtout ceux qui sont toujours en activité professionnelle) de nombreuses personnes divisent leurs pèlerinages en tranches d’une à deux semaines, en revenant année après année pour compléter le trajet. Mais notre approche consiste à faire des segments beaucoup plus longs – et même des chemins complets – dans une seule sortie. Parfois nous sommes absentes pendant des mois. Pourquoi ?
Moi qui ne suis pas une sportive pendant l’année (et peut-être le fait que j’ai 71 ans compte aussi), j’ai découvert qu’il me faut au moins trois semaines pour « entrer dans le chemin ». Ce qui signifie que mon esprit et mon corps mettent longtemps à s’adapter à des conditions nouvelles : rester dehors toute la journée par tous les temps, marcher de 6 à 8 heures par jour en portant plus de 7 kilos sur mon dos, dormir dans un endroit différent chaque nuit, réfléchir sans cesse où trouver des provisions et de l’eau pour le lendemain, manger des aliments différents que d’habitude – et parfois juste une boîte de thon ou sardines, laver à la main le linge plein de boue tous les soirs et me demander s’il sera sec le lendemain car il n’y en a pas d’autre, m’inquiéter pour un être cher qui est à la maison… Pendant cette période d’adaptation, je suis épuisée physiquement et mentalement, et je me demande souvent si je veux (ou peux) continuer. Mais après trois semaines, il y a toujours un changement soudain, tout bascule. Mon corps est finalement prêt, mon esprit est libéré, et j’ai l’impression de pouvoir marcher pour toujours. Un soulagement, et doucement j’entame mon chemin intérieur.
Le pèlerinage de Caen au Mont-Saint-Michel, a été choisi principalement parce que j’ai souhaité que mon amie toulonnaise fasse « l’expérience du Mont-Saint-Michel » tout en découvrant la Normandie pour la première fois. Mon amie américaine s’était déjà rendue au Mont-Saint-Michel quand elle était étudiante et j’y étais allée plusieurs fois, mais toujours en voiture. Aujourd’hui le Chemin de Caen commence avec deux étapes en Angleterre et après le chemin continue à Ouistreham, jusqu’à Caen. Avec un départ de Caen, le pèlerinage comporte traditionnellement neuf étapes, une courte marche d’environ 165 km, qui, avec un départ le 4 juin, nous a fait arriver au Mont le 12 juin (après le Mont, nous avons continué vers Compostelle sur la Chemin des Plantagenêt et le 27 juin, nous avons quitté le chemin à Doué-la-Fontaine).
Bien que nous ayons commencé à marcher le 4 juin, le lendemain de notre arrivée à Caen en train depuis Paris, le pèlerinage avait réellement commencé neuf mois auparavant lorsque nous avions pris la décision de repartir ensemble. Cela a été suivi de longs mois pour décider quand partir, quel chemin emprunter et ensuite où se loger. Nous n’avons pas eu de fastidieuses délibérations sur ce qu’il fallait emporter dans nos sacs, car nous avions déjà l’expérience des années précédentes, nos équipements avaient déjà servi, et nous n’avions besoin d’apporter que des modifications mineures sur le contenu.
Mais quand la planification a commencé, j’ai vite découvert que sur le Chemin de Caen, même dans le meilleur des cas, il existe relativement peu d’endroits pour dormir qui répondent au budget des pèlerins. On a souvent observé qu’il fallait être riche pour être pèlerin…
Des demi-étapes seraient également les bienvenues pour les pèlerins qui souhaiteraient avoir le temps de visiter des sites en dehors du chemin – souvent ils doivent renoncer car il n’y a pas d’endroit où dormir, pour improviser une demi-étape, on pourrait envisager de faire du « camping sauvage », mais peu de pèlerins ont la force de transporter du lourd matériel de camping en plus des plus de 7 kilos qui se trouvent déjà sur leur dos. Et, il faut le dire, qu’après une longue journée de marche, planter une tente est la dernière chose que la plupart des pèlerins veulent (ou peuvent) faire.
Malheureusement, bien que quelques fidèles le long de l’itinéraire aient manifesté leur intérêt pour l’hébergement de pèlerins en échange d’un don (libre participation aux frais appelée « donativo »), aucun ne s’est manifesté pour le faire. Les chambres d’hôtes / hôtels existent mais peuvent être excessivement chers.
Pour nos fournitures, il y a peu d’épiceries sur le chemin et presque pas de cafés. Les restaurants existent dans les villes, mais si vous arrivez un dimanche soir ou un jour férié, vous trouverez souvent les portes fermées. Rien de tout cela est encouragent pour un pèlerin, il faut donc vraiment vouloir faire ce Chemin de Caen. Une planification minutieuse est impérative.
Pour compliquer les choses, j’avais sous-estimé l’impact que les célébrations du 75e anniversaire du Débarquement auraient sur les possibilités d’hébergement. J’avais pensé que seules les plages et leurs environs seraient concernées ; il s’est avéré que tout le Calvados et La Manche étaient impliqués. Ainsi, même si j’avais commencé le processus de planification des mois à l’avance, des hôtes potentiels me disaient que tout était déjà réservé et que j’aurais dû commencer au minimum un an à l’avance.
En dépit de cela, j’ai finalement pu réserver autour des étapes traditionnelles suivantes : Évrecy, Hamars, Saint-Jean-le-Blanc, Le Bény-Bocage, Saint-Sever-Calvados, Villedieu-les-Poêles, La Haye-Pesnel, Genêts, Le Mont-Saint-Michel. Quelques logements étaient très loin du chemin, et certainement pas à des prix raisonnables.
Pour les pèlerins habitués aux routes de Compostelle en Espagne, où chaque village possède un gîte peu coûteux – et dans les villes parfois même deux ou trois – où ils ne prennent jamais de réservation (ils fonctionnent selon le principe du « premier arrivé, premier servi »), et où se trouvent des cafés, épiceries, et restaurants au long de la route, les conditions trouvées sur Le Chemin de Caen peuvent être une mauvaise surprise.
Mais qu’en est-il de l’itinéraire lui-même ? car au début de ce texte, j’ai indiqué que c’était une expérience magnifique. Ayant une résidence secondaire dans le Calvados près de Caen, j’avais pensé connaitre déjà assez bien le terrain. J’étais préparée pour une gentille expérience de « déjà vu », sans surprises, et certainement sans étonnement. Evidemment, j’avais simplement oublié que toutes mes visites dans le Calvados avaient été en voiture et pas à pied, donc j’étais souvent autant « dans la découverte » que mon amie toulonnaise.
Je ne m’y attendais pas… et j’ai vu immédiatement que, en dehors de nos logements, je n’avais pas « préparé le chemin » correctement car j’étais trop sûre de ma connaissance du Calvados, convaincue que je pouvais y aller en sifflotant. Et les surprises ont commencé dès la première étape, à Caen, une ville que je pensais bien connaître. Tout change quand nous sommes à pied – bien sûr, la perspective et les points de vue, mais aussi nous remarquons pour la première fois des détails, des centaines, même milliers de détails et tout d’un coup, nous avons l’impression de n’avoir jamais visité la ville. Etonnant.
La campagne ? Elle était belle, calme, sereine. Je pensais voir beaucoup de la Plaine de Caen mais nous sommes entrées dans les chemins couverts presque tout de suite. Et j’avais oublié que La Suisse Normande est près du chemin, donc plus vallonnée que prévu. Surprise : parfois le chemin était mal marqué et non entretenu donc nécessitant une concentration constante. Des forêts, des plaines, des scènes bucoliques, des pâturages. Les vaches, beaucoup de bonnes vaches sympathiques de la Normandie qui s’approchaient pour dire bonjour et qui nous suivaient autant que les clôtures leur permettaient. Mais les chevaux aussi. Gracieux, élancés, élégants, curieux mais plus réservés.
C’était juin, donc il y avait des magnifiques fleurs, sauvages et cultivées, absolument partout. En particulier les roses de toutes les couleurs et souvent très parfumées ont attiré notre attention. Mais la couleur dominante était le vert : arbres verts, herbe verte, arbustes verts. Vert partout. Merveilleux ! Et bien sûr, mais au grand désespoir de mon amie accoutumée au soleil toulonnais, le vert est dû à la pluie. Et oui, la pluie ! Il était indispensable d’utiliser nos ponchos tous les jours – et malgré tous nos soins, plus d’une fois nous étions complètement trempées. À un moment donné, nous étions même au beau milieu d’une tempête de force majeure et pendant des jours nous avons dû escalader des arbres et des arbustes tombés à travers le chemin. Revigorant !
Mais à côté de cette grande beauté (et aventure !), il y a eu aussi de grandes déceptions : les églises ont été systématiquement fermées et nous n’avons pas croisé un seul pèlerin en cours de route, allant ou venant du Mont. Nous étions complètement seules. Où étaient les autres pèlerins ? Découragés par le manque de commodités et logements sur le Chemin de Caen ? C’était une situation de « poule et l’œuf » : Il n’y a pas de pèlerins car il n’y avait pas de ressources locales ? Ou, il n’y a pas de ressources locales car il n’y a pas de pèlerins ? Ou peut-être ne savent-ils simplement pas que le Chemin de Caen existe ?
Le 12 juin, nous avons traversé la baie du Mont-Saint-Michel tôt le matin, pieds nus avec de l’eau jusqu’aux genoux. C’était magnifique, à couper le souffle et nous avons bien vu que les célèbres sables mouvants de la baie ne sont pas une légende. Arrivées au Mont (encore une fois, trempées jusqu’aux os), nous avons été chercher nos certificats du chemin à l’Office de tourisme. Après avoir contrôlé nos carnets du miquelot(le « passeport du pèlerin » signé par chaque hôte le long du chemin) pour être sûr que nous avions effectivement fait les étapes requises, nous avons pu partir avec notre « trophée » en main.
Pour fêter notre arrivée au Mont, est-ce que nous avons mangé le célèbre Omelette de la Mère Poulard ? Non, à 38 € les trois œufs, nous avons gardé nos sous dans nos poches. Et malgré le fait que le Mont-Saint-Michel est connu depuis des siècles pour les pèlerinages, nous n’avons pas vu un seul « menu pèlerin » sur le Mont pour nous accueillir.
J’avais réussi à réserver trois des six places disponibles dans le refuge des pèlerins géré par la paroisse qui se trouve près de l’abbaye, tout en haut du Mont. Le tarif, bien qu’accessible, est au-dessus de la norme pour les gites de pèlerin. Mais le délice tant attendu était au rendez-vous : quand les touristes sont partis en fin de journée, c’était magique. Sur les remparts donnant sur la baie, le calme magnifique était tout ce que l’on pouvait espérer. A chacun de l’apprécier à sa façon.
Bien que nous n’ayons pas eu de contact avec d’autres pèlerins, nos hôtes tout le long du chemin ont été gentils et serviables de nombreuses façons, grandes et petites. Les gens se sont mis en quatre pour nous aider.
Voici des exemples : Après la première étape quand nous étions déjà installées au gîte municipal : plus tard dans la soirée, le responsable a téléphoné pour nous informer qu’il y aurait une présentation de Vincent Juhel sur le Chemin de Caen le soir même dans l’église locale. Nous sommes allées et après le vin de l’amitié, j’ai été interviewée par le présentateur et l’interview a ensuite été diffusée à la radio.
Un hôte nous a conduites à une épicerie éloignée du chemin car c’était la seule épicerie ouverte à des kilomètres. Un autre nous a offert des collations pour le lendemain, car il n’y avait pas d’endroit où acheter de la nourriture. Encore un autre qui a trouvé mon porte-monnaie que j’avais oublié par inadvertance et a conduit 20 km jusqu’à notre prochain logement pour me le rendre. À un moment donné, une étape était beaucoup trop longue (28 km), alors l’hôte nous a fait avancer car il n’y avait aucune possibilité de faire une demi-étape.
A Coulonces un samedi, nous avons trouvé le Maire, M. Gilles Maloisel en service. Il nous a accueillies très chaleureusement et nous a invitées dans son bureau pour tamponner nos carnets du miquelot. Il nous a parlé longuement de Coulonces, de l’histoire du chemin dans sa région, de son travail, et de lui-même. Avant de partir, monsieur le Maire nous a pris en photo pour ses archives, puis il nous a indiqué comment trouver le chemin pour sortir de sa ville.
Quelques hôtes ont gentiment fait notre lessive dans leurs machines, nous permettant ainsi de nous reposer après une longue journée de marche. Tous ces gestes – grands et petits – ont été les bienvenus et ont été très appréciés.
Nous n’avons rencontré nulle part la fameuse « réserve française », où il faut connaître quelqu’un depuis des lustres avant d’avoir une conversation de fond avec lui. Manger notre repas du soir avec nos hôtes nous a permis d’apprendre davantage sur eux, leurs familles, leurs vies, ainsi que sur l’histoire de leurs villes. Je pense qu’ils étaient aussi curieux de nous : ce n’est pas tous les jours que les habitants du Calvados trouvent des américains et des gens du sud de la France à leur table. Ce furent des échanges sympathiques, riches, et des fois très amusants pour tous.
Alors, recommanderais-je le Chemin de Caen à d’autres ? Absolument, mais à condition que les gens réservent longtemps à l’avance et qu’ils n’entreprennent pas la marche vers le 6 juin ! Je recommanderais également aux pèlerins de contacter les mairies au long de leurs étapes bien à l’avance et de demander s’il serait possible de faire ouvrir les églises lors de leur passage. Il est dommage et désolant de se trouver devant les sanctuaires et de constater que les portes sont toujours verrouillées.
Depuis notre pèlerinage, le guide de cet itinéraire a été publié – j’espère que cela aidera à surmonter certains des obstacles mentionnés ici.
Pour ce qui concerne le temps pluvieux en Normandie : un pèlerinage n’est ni des vacances ni une randonnée, donc une météo parfaite n’est pas nécessaire pour que ce soit un succès. Il faut se rappeler quand-même que s’il y a de la pluie en Normandie, il y a également un soleil de plomb en Espagne. Lors d’un pèlerinage, vous prenez ce qui se présente (tous les inconvénients, obstacles et complications mentionnées ci-dessus sont inclus, et encore !) car vous êtes là pour d’autres raisons…les vôtres.
Plus d’une fois, certains pèlerins ont observé qu’une grande partie de leur expérience consiste à voir comment il gère les défis quotidiens de tous ordres (physiques, relationnels, psychologiques…) ; mineurs et majeurs, auxquels il est confronté. Parfois, il est agréablement étonné de lui-même… d’autres fois, il est très déçu. Au final le chemin l’a aidé à mieux se connaitre.
Nous avons, toutes les trois, d’ores et déjà, l’idée d’entreprendre un nouveau pèlerinage l’année prochaine. Mais avant ça, merci à la Normandie pour le Chemin de Caen et un grand merci à tous nos hôtes normands. Nous avons eu une expérience remarquable : nous avons affronté des nombreuses difficultés et appris beaucoup sur nous-mêmes, sur nos camarades de Chemin, sur la nature de notre amitié, mais aussi énormément sur nos hôtes. Et nous avons réfléchi à nos questions personnelles (et secrètes), la raison fondamentale derrière notre départ en chemin.
J’espère qu’à l’avenir davantage de pèlerins seront sur le Chemin de Caen – quel dommage qu’il y ait si peu de personnes qui en profitent. J’espère également que les fidèles de toutes les religions, ainsi que les humanistes qui vivent au long du chemin les accueilleront. Non seulement en les accueillant dans leurs campagnes, leurs villages et leurs villes, mais aussi dans leurs maisons. Les gites sont bien, mais être invité dans une maison pour passer du temps et échanger avec un autre fidèle, un autre pèlerin, ou un autre humaniste est le meilleur. C’est salutaire pour tout le monde.
Alors, quelle était ma partie préférée du Chemin de Caen ? Pas de doute : Vêpres et Laudes à l’abbaye du Mont-Saint-Michel – pas mal pour une protestante pratiquante, non ? Et pour mes deux amies Bettina et Josette ? Je n’en ai aucune idée … vous devrez leur demander, mais je pense que vous n’obtiendrez qu’une réponse très, très partielle ».
Le Puy-en-Velay / Le Mont-Saint-Michel
1000 kilomètres sur le chemin des Anges
A l’approche de mes 45 ans, je devais négocier un virage décisif dans ma vie. Je ne me sentais pas heureux, sur aucun plan, ayant perdu confiance en moi, en les hommes et en la société. J’avais profondément besoin de me retrouver – seul – de savoir qui j’étais et ce que je pouvais créer pour la deuxième étape de mon parcours sur cette terre… Il fallait que ça bouge !
La petite graine de la marche a alors éclos et grandi du fond de mon cœur où elle sommeillait depuis 4 ans. L’idée avait été semée, sans le savoir, par Philippe Ouzounian, un amoureux de la Loire qui donna des lectures en son hommage en la suivant à pied de sa source à son embouchure. Ce beau projet avait provoqué un déclic en moi : « un jour, je marcherais moi aussi au long cours comme lui ». Les chaussures de rando achetées aussitôt ne servirent pourtant que pour de rares ballades du dimanche. Aucune idée de parcours, dont le fameux chemin de Compostelle, ne suscitait mon enthousiasme jusqu’à cette fameuse ne nuit de mai 2006.
En pleine nuit, je me réveille et dans un demi-sommeil – moment magique propice aux intuitions les plus justes – l’évidence éclaire soudain mon esprit. Pour la grande randonnée que je rêve de réaliser, je dois marcher en direction de… moi-même, vers Michel ! Aussitôt, je compris la destination : le Mont-Saint-Michel. Et dans l’instant qui suivit, la chapelle St Michel du Puy-en-Velay s’imposait à moi comme le point de départ du périple. En quelques secondes, le tracé clair, et logique, m’apparaissait. Mes pas devaient relier le sommet de ce dick volcanique au cœur des terres à cette montagne plantée entre ciel et mer, deux rochers dédiés depuis des siècles à l’Archange. A cette perspective, je me suis senti aussitôt attiré, comme aspiré.
A partir de cette nuit, tout alla très vite. Il fallut gagner de l’argent, acheter mon matériel, m’entraîner un peu, chercher des infos. Je ne connaissais rien à la marche au long cours. Je ne savais ni la distance exacte à parcourir, ni combien de temps je mettrais. Seul mon objectif était clair : arriver à pied au Mont-Saint-Michel pour le 29 septembre.
Le 1er juillet, un mois et demi après ce « songe », je réalisais les premiers pas de ma randonnée. Parti de la source de la rivière Ardèche, département où je vivais, je passais au Mont-Gerbier de Jonc, source de la Loire, fleuve important dans ma vie, puis remontait vers le Puy-en-Velay. Après cette « mise en jambes », je me lançais enfin dans la concrétisation de mon intuition.
« En suivant ce parcours, vous réhabilitez un pèlerinage très ancien du Monte Sant’Angelo, en Italie, jusqu’au Mont-Saint-Michel et qui passait sans doute au Puy-en-Velay. » m’avait annoncé à ma grande surprise le Père Martin, chargé de la chapelle Saint Michel « et vous marchez sur le chemin des anges ! »
Cette dernière phrase m’a accompagné tout au long de mes huit semaines de périple. Bien que je sois assez réticent vis à vis de la religion, ma randonnée s’est peu à peu transformée en vrai pèlerinage, appuyé par des prières à Saint Michel et aux neuf chœurs des anges et avec la sensation quasi permanente d’être guidé dans mes pas, aidé par de multiples intuitions, soutenu dans mes efforts.
Physiquement, l’épreuve fut rude. Sans aucune préparation initiale, j’avançais souvent tel une tortue paralytique… suant à grosses gouttes. Dans les moments de découragement, je me répétais inlassablement que chaque pas me rapprochait de mon but. J’avançais beaucoup à l’improvisation, sans chemin tracé d’avance et la plupart du temps sans hébergement prévu. Je dormais dans mon hamac dans les forêts, dans des fermes, parfois dans des gîtes.
Je me suis réconcilié avec les êtres humains, ceux qui m’ont offert à boire les jours de chaleur, accueilli à leur table ou même hébergé chez eux. Un foisonnement de rencontres humaines très belles. Je me suis peu à peu réconcilié aussi avec moi-même reprenant confiance dans mes capacités, dans ma persévérance. Je me suis enfin et surtout reconnecté avec mon intuition et avec mon fidèle ange-gardien.
Quelques mille kilomètres plus tard, au détour d’un rideau d’arbres, j’ai enfin aperçu le Mont-Saint-Michel et je suis tombé en larmes sur le bord du Couesnon. J’avais réussi ! C’était le 7 septembre et sans l’avoir prévu, j’arrivais deux jours avant mon anniversaire.
Le jour de mes 45 ans, alors que j’assistais à une messe dans l’Abbaye, l’Archange a soufflé dans mon esprit une proposition surprise pour la suite de ma vie. J’ai senti alors que mon pèlerinage était terminé. Il ne me restait plus alors qu’à intégrer toutes les leçons de cette magnifique expérience et à les mettre en application.
Saint Michel a très bien entendu ma demande initiale. Je voulais que ma vie bouge. Le guerrier céleste a sorti son glaive, a tranché et tout a changé d’un seul coup ! La seconde partie de ma vie était bel et bien lancée…
Michel Mabit
De Paris à Rome : La Saint-Michel au Mont Gargan
29 septembre. Je n’avais rien calculé, ni le jour, ni l’heure. Lorsque, à la fin de ma journée de marche où j’ai arpenté des champs pierreux sur fond d’Adriatique bleue et calme, j’arrive au Monte Sant’Angelo, les ruelles du village accroché à flanc de montagne sont noires de monde. Sac au dos, je peine à me frayer un passage vers l’église de l’Archange. On se presse, on attend, on se bouscule, on s’interpelle et on s’excuse, on se hausse sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir, et on envie les chanceux qui se penchent aux balcons. Quand soudain un frémissement parcourt la multitude :
— Le voilà, il arrive !
« Il », c’est saint Michel, ou du moins sa statue, annoncée par une longue procession de confréries costumées, porte-bannières en tête.
— L’archange ne quitte l’église que deux fois l’an, confirme une mamma à son voisin, tout en égrenant son chapelet.
Après les confréries, des prêtres en vêtements chamarrés, des thuriféraires et des abbés en surplis, un Monsignore qui porte une épée étincelante et nue sur un coussin grenat. À deux pas de moi, un garçonnet aux boucles blondes guette, juché sur les épaules de son père et vêtu en archange, avec deux ailes dorées dans le dos.
— Mira Papa ! Regarde. San Michele…
Couronné d’or, beau comme un Apollon et vengeur comme le dieu Mars, s’avance le prince des armées célestes, chef des anges fidèles à Dieu quand Lucifer a trahi, brandissant son glaive et écrasant du pied un diable que l’on devine à peine à travers une profusion de lys. Quatre fiers-à-bras portent sur leurs épaules les brancards, encadrés par autant de carabiniers en tenue d’apparat, gantés de blanc et bicorne emplumé de rouge. Derrière viennent les autorités civiles et militaires, le maire à la poitrine barrée de son écharpe tricolore, puis les trompettes, les clarinettes et les hélicons de la musique municipale, et enfin le peuple en marche, dans lequel je me glisse, à la suite du saint patron.
Siamo pel-le-gri-i-ni
Siamo tuoi de-vo-o-ti
San Michel’, arc-angelo,
Pre-gha per no-o-i.
De loin en loin, des mégaphones relaient cantiques et prières. Je suis les trois heures de procession à travers les ruelles tortueuses, en pente et bordées de maisons blanches, alternativement en tête où l’on prie et en queue de peloton où l’on discute derrière la fanfare qui harmonise et flonflonne. En marchant et en priant, pour une fois je fais comme tout le monde, et je me sens à ma place, heureux. Je lie conversation avec un groupe de pèlerins jacquaires, reconnaissables à leur cape bardée de coquilles.
— Nous avons quitté Rome à pied il y a trois semaines, m’annonce fièrement l’un d’eux.
Et j’hésite à leur avouer que je viens de plus loin, parce qu’ils sont sympathiques et que je ne voudrais pas gâcher leur fierté. Les spectateurs se pressent aux flancs du cortège et sur les placettes. De temps à autre, je scrute la foule en espérant vaguement y distinguer le berger du Campo Imperatore. En vain. Comment retrouver Beppino dans une telle cohue de plusieurs milliers de personnes ? Aux balcons et sur le pas des portes, certains s’agenouillent au passage de l’archange, les vieux se signent et les jeunes également. Des curieux et des touristes, il y en aussi, et l’on sent que, s’ils n’étaient pas là, on les regretterait. Il n’y a pas ceux qui regardent et ceux qui processionnent, mais une seule foule emportée dans un élan populaire.
À la nuit tombée, après le feu d’artifice, le cortège reprend le chemin de la basilique pour une messe d’action de grâces. Reflet de l’empilement de siècles de dévotion, l’église ressemble à un labyrinthe sur plusieurs étages. Des dalles patinées par des millions de pas, des murs sanctifiés par la caresse des pèlerins, un enchevêtrement bizarre et vénérable qui n’est pas sans rappeler celui de la basilique de la Nativité à Bethléem, avec ses monastères, ses églises, ses chapelles et ses grottes imbriquées en un seul lieu où chaque pierre a sa place et chaque pierre a un sens. Malgré mon sac à dos, j’ai réussi à me faufiler. Il faut descendre en jouant des coudes et des épaules un large escalier entrecoupé de plusieurs paliers, puis franchir une porte de bronze forgée il y a mille ans à Constantinople avant de pénétrer dans le sanctuaire de l’archange.
Au fond, les fiers-à-bras viennent de déposer la statue de saint Michel devant l’autel, sous l’immense voûte rocheuse et irrégulière qui sculpte le calcaire de la montagne et où la tradition rapporte les apparitions de l’archange au Ve et au XVIIe siècles. Une grotte de crèche, sur laquelle rebondissent et résonnent les chants traditionnels entonnés à pleins poumons. Assise, debout, à genoux, la foule se presse dans la chaude promiscuité des grands soirs, comme aux plus hauts temps des pèlerinages médiévaux. Une foule agitée et fervente dans l’allégresse d’un jour de fête et la chaleur des cierges. Le temps ne compte plus. Ici sont venus des Lombards, des Francs, des Germains, des Saxons et des Scandinaves. Ils étaient rois, empereurs, papes ou pèlerins anonymes, des saints et des pécheurs, parfois les deux en même temps. Des paysans qui retourneraient une heure plus tard bêcher leur terre ingrate et des voyageurs sur le point d’embarquer pour Jérusalem.
En ce lieu si évocateur et si émouvant, l’office prend des allures de messe de minuit. On sent qu’il y a là des chrétiens assidus et puis aussi les occasionnels qui ne mettent les pieds à l’église que pour les fêtes solennelles, les sceptiques qui veulent faire plaisir à grand-mère et ceux qui sont venus pour le pittoresque : tout le peuple de Dieu dans sa diversité venu partager la joie d’un rassemblement unanime.
À San Giovanni Rotondo, j’ai admiré la vie du Padre Pio, j’ai aimé l’architecture de l’église nouvelle, et je m’aperçois à présent à quel point il ne s’agissait que de compréhension intellectuelle et superficielle. En Suisse, quoique j’en aie fait une des bornes de mon parcours, Einsiedeln était un attachement de trop fraîche date pour me toucher véritablement. Tandis qu’ici, dans la basilique céleste, je sens l’air encore imprégné de la ferveur de mes compagnons imaginaires des siècles passés, qui sont venus prier l’archange sur leur route pour les lieux saints de Palestine. Je me sens soutenu, emporté par cette foule des pèlerins de jadis et de toujours. Je me sens en Terre sainte.
Extrait de « Pèlerin d’Occident – À pied jusqu’à Rome » , Éd. Transboréal
De Bernay au Mont-Saint-Michel
Avec ma fille, nous sommes parties de Bernay (là ou elle habite) pour emprunter le chemin qui relie Rouen au Mont-Saint-Michel le vendredi matin 21 octobre 2016. Tout au long, nous nous sommes émerveillées des beautés variées de la Normandie, des chemins creux à foison et de la douceur du paysage du bocage.
Vos fiches avec cartes et commentaires nous ont été d’au grand soutien ainsi que les listes d’hébergements (y compris les accueils miquelots).
Merci pour les chemins entretenus et balisés même si parfois, il manquait des macarons au niveau de carrefours…C’était le plaisir de chercher ! Ce pèlerinage automnal fut frais et humide mais tellement beau. Un chemin de solitude où le travail intérieur a pu s’épanouir et trouver son apogée à l’arrivée au Mont-Saint-Michel !
Des associations comme la vôtre sont vitales pour faire vivre l’histoire, le paysage et la foi !
Nous tenions à partager avec vous cette expérience inoubliable.
Fraternellement
Christine et Lucile
De Versailles au Mont
Bonjour à tous les miquelots et à ceux qui désirent le devenir,
Mon voyage a débuté à Versailles, près de la statue de St Michel. Parti seul, le Chemin m’a donné l’occasion de mieux me connaître. Je suis passé par Chartres, qui m’a valu de vivre une expérience dans la Cathédrale qui a marqué le modeste Pèlerin que je suis pour longtemps. L’on dit que la solitude permet de se connecter à l’essentiel. C’est l’une des nombreuses expérience que j’ai vécu. Chaque jour m’a donné l’occasion de vivre que dans l’essentiel. Le Chemin, c’est pour moi, une belle démarche tant dans la connaissance de soi et celle des autres, que dans l’appréhension de la Vie dans ce qu’elle a de plus naturelle : la patience – le respect – l’écoute – l’observation – l’adaptation – l’humilité – la confaince en soi et pour ma part « l’estime de soi ». Car pour la première fois de ma vie, dans sa plus belle expression, j’ai ressenti la fierté.
Je souhaite à toutes celles et tous ceux qui marchent ou marcheront vers le Mont Saint-Michel d’y rencontrer une personne merveilleuse, soi !
Jean-Louis, pèlerin de la vie